Victoire pour la presse en Valais !

C’est une victoire éclatante pour le journaliste valaisan, membre d’impressum, accusé d’avoir divulgué des informations prétendument secrètes d’une commission parlementaire tirant des conclusions sur l’affaire des constructions illicites du Val de Bagne.

Pour Julien Wicky, journaliste ayant publié en septembre 2020 un article sur l’affaire dite « Des constructions illicites de la commune de Bagne » (lire le communiqué du 3 août 2023), l’acquittement prononcé aujourd’hui par le tribunal du district de Sion raisonne « comme un soulagement, mais aussi une victoire pour la liberté de la presse. » impressum, dont une délégation était présente au procès en soutien à son membre, se réjouit de ce verdict qui rappelle le rôle et la liberté dont doivent bénéficier les journalistes dans l’exercice de leur métier. La victoire est ainsi à double titre, pour le journaliste accusé évidemment, mais pour toute la profession également.

Appelé à s’exprimer sur l’article qui fait litige lors de l’audience, Julien Wicky le répète haut et fort : « Je n’ai fait que mon travail dans cette affaire ». Et ce travail de journalisme implique justement de divulguer des informations d’utilité publique.

Me Mathias Burnand – avocat de la défense – s’est ensuite attaqué à cette notion de « secret », cœur de l’art. 293 du code pénal et objet de l’accusation à l’encontre du journaliste, qu’il a démonté pièce par pièce dans cette affaire. Juridiquement, c’est toute l’argumentation du Ministère public qui a été balayée par la défense. En particulier, un tel « embargo communicationnel » ne saurait justifier le caractère secret d’un tel document. Autre argument avancé : le rapport de la commission parlementaire n’était tout simplement pas secret. En mains alors du préposé à la transparence et de l’ensemble du Conseil d’Etat, et devant être publiée dans 48h, l’information avait déjà été divulguée en dehors du cercle parlementaire qui n’était pas mandaté d’une enquête, mais simplement de produire des constatations, issues bien souvent d’autres rapports déjà publiés.

Par ailleurs, « les rédactions n’ont pas à se calquer sur l’agenda politique pour communiquer », souligne la défense qui poursuit en rappelant un élément fondamental de la déontologie du métier. « Si un journaliste a en sa possession une information d’utilité publique, ce n’est pas seulement son droit, mais bien son devoir de la publier. »

Pour Romain Carrupt, co-président de l’Association valaisanne de la presse, « Ce verdict est important. S’il en avait été autrement, cela aurait été un précédent dangereux pour le métier. ». Est-ce que, sous couvert de journalisme, tout peut être publié ? « Non. Mais les journalistes doivent pouvoir travailler en toute liberté, dans le cadre légal et déontologique qui leur est imposé. Et c’est à la presse de donner l’alerte ou de créer le débat, peu importe si certains auraient voulu jouer la montre pour leur communication », rappelle Etienne Coquoz, secrétaire central d’impressum qui poursuit en soulignant que« impressum continuera à défendre tous ses membres face à de telles attaques injustifiées dans l’exercice de la profession de journaliste ».

Mise à jour: En date du 5. octobre 2023, le Ministère public valaisan a fait appel suite à l'acquittement le 31 août dernier par le tribunal du district de Sion.

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